diversité, bien de première nécessité

C’est entendu, le spectacle vivant, qui aura été le premier secteur arrêté par la crise sanitaire, sera le dernier à renouer avec une certaine normalité. Neuf mois après la première interdiction de rassemblement, l’incertitude est toujours entière sur la date de reprise des concerts debout, sur la réouverture des lieux à pleine jauge… ainsi que sur celle des frontières ! Alors oui, les acteurs du spectacle vivant seront bien les derniers à « rouvrir », mais parmi eux, ceux des Musiques du Monde, producteurs, diffuseurs, salles, festivals… risquent fort d'être les derniers des derniers.

Pourtant cette crise aura permis de montrer, si besoin était, la solidarité de la filière, notamment entre les producteurs français et des artistes résidant à l’étranger, la créativité de ces artistes, qui ont été parmi les premiers à s’emparer de la diffusion en streaming, et le sens des responsabilités des organisateurs qui ont pu maintenir une programmation, dans le respect des règles sanitaires et des valeurs qui nous rassemblent au sein de Zone Franche.

La diversité n’a donc pas disparu des écrans ni des scènes, et cette période de confinements, propice au repli sur soi, a également été l’occasion de valoriser toute la richesse culturelle de nos territoires, grâce à ces musiques nées de l’hybridation, de l’immigration… ces musiques qui non contentes de puiser leur inspiration dans un patrimoine, savent en inventer de nouveaux et ce faisant, renouveler le lien sans cesse, avec les publics.

Mais cette richesse née du flux, de l’échange, est conditionnée par la mobilité des artistes. Or celle-ci est aujourd’hui, dans le meilleur des cas, perturbée, sinon impossible, rendant l’organisation des tournées internationales aléatoires, et extrêmement déficitaires, perturbant les calendriers de répétitions, de sorties d’album… Les acteurs des Musiques du Monde ne sont pas les seuls à travailler à l’international, mais ce sont ceux qui ont le plus de connexions, avec le plus grand nombre de pays, ce qui permet de développer des projets d’une variété infinie mais les rend dépendant des règles encadrant la mobilité.

La production des Musiques du Monde en France est une filière d’excellence, en ce qu’elle permet d’irriguer un réseau de diffusion national et international avec des projets dont la qualité est unanimement reconnue, et le récent succès du Before Babel Music XP, avec 850 participants du monde entier, en témoigne. Les acteurs de notre filière méritent donc une attention et un soutien particuliers, pour faciliter la mobilité des artistes, pour accompagner les structures dont l’activité sera perturbée même après la réouverture des salles, parce que parmi toutes les normes dont nous espérons le retour, la diversité est peut être la plus précieuse.

Stéphane Krasniewski, Président de Zone Franche

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