Une musique du monde faite en Allemagne ? La fabrique de la diversité dans le cadre des compétitions creoles. - Talia Bachir-Loopuyt
Dans le cadre de ces Etats généraux des musiques du monde centrés sur le domaine français, le cas de l’Allemagne peut apparaître comme exotique à un double point de vue :parce qu’il s’agit là d’un contexte relativement peu connu en France et que cette méconnaissance est alimentée par de nombreuses différences institutionnelles et culturelles – pour n’en citer que quelques unes : le statut des musiciens en Allemagne, la structure fédérale des politiques publiques ou encore le rapport à l’économie (la « Wirtschaft »)qui n’est pas le même qu’en France. Mais l’Allemagne peut aussi apparaître comme un cas exotique en un autre sens : parce que ce pays n’est pas réputé – à commencer chez les Allemands – comme un « pays de musiques du monde ». La notion de Weltmusik n’y a pas la même légitimité que les « musiques du monde » en France ainsi que n’ont cessé de me le rappeler mes interlocuteurs au cours de l’enquête que j’ai menée dans le cadre de ma thèse[1]: « En France, la situation des musiques du monde[2]est tellement plus facile ! Elles sont mieux reconnues. Il y a des subventions, il y a le Bureau Export de la Musique, la presse s’y intéresse,etc.».
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[1] Une musique du monde faite en Allemagne ? Les compétitions Creole et l’idéal d’une société plurielle dans l’Allemagne d’aujourd’hui, thèse réalisée en co-tutelle sous la direction de Michael Werner et Denis Laborde (EHESS Paris) et de Wolfgang Kaschuba (Université Humboldt à Berlin), soutenue le 29 janvier 2013 à l’EHESSParis.
[2] Mes interlocuteurs usaient en général du syntagme français même s’ils ne maîtrisaient pas cette langue. C’est que ce label fait l’objet d’une promotion par les instances de la politique culturelle française à l’étranger (le Bureau Export de la Musique, l’association Cultures France) et qu’il est aussi lié à la réputation de la France en tant que nation multiculturelle.